Sebastien Pasques

Pasques, l’égyptien

Ce furent d’abord deux singes qui me firent découvrir le travail de Sébastien Pasques, deux immenses gorilles, perchés sur leur tronc de platane, placides, aussi désuets que colossaux. Je me rendais à un hommage donné par ses anciens élèves au maître Erik Dietman, récemment disparu, à la fondation Ricard, lorsque ils me hélèrent dès l’entrée de l’exposition. Ils me remémorèrent immédiatement les babouins de pierre qui veillaient naguère au pied de l’obélisque de Louxor et qui désormais tout comme ces deux-là toisaient le visiteur dans un dédale muséal.

Soufflé par la présence pour le moins décalée de ces deux morceaux de bravoure, je ne pus m’empêcher de penser à une phrase qui m’avait jusque là paru énigmatique, une sorte de testament plastique de l’un des grands précurseurs de la sculpture moderne qu’était Gauguin : En sculpture, l’important ce n’est pas le grec, c’est l’égyptien ! Moi qui avais traîné les pieds enfant dans l’enfilade indigeste des salles égyptiennes du Louvre, qui jeune adolescent avais frémi sous le charme des drapés de Praxitèle, je n’avais jusque-là jamais vraiment saisi toute la portée de ces propos radicaux. Et puis voilà que ces deux-là m’éclairaient, ces deux piles d’édifice chargées d’émotion, dressées solidement en scrutateurs impassibles au beau milieu d’une succession de clins d’œil conceptuels redondants au maître disparu, aussi vides qu’insipides, ils me parlaient dis-je. C’est là, à ce moment précis que je compris qu’il fallait faire fi du decorum et de l’effet de style, que le concept n’était devenu qu’une émanation intellectuelle du maniérisme, qu’il fallait aller à l’essentiel du sujet, à son émanation première, authentique, comme l’égyptien réunir en un seul trait, en une même dimension, la somme des caractéristiques d’un être et de ses sentiments, par la synthèse traduire la complexité de la vie, par l’inventivité formelle, la magnifier.

Cliquez sur les images pour les agrandir

Fort de cette réflexion, j’avançais plus avant dans l’exposition et je découvrais les Tiques acrâniens de Pasques, ces créatures aux carapaces dorées, filtres alchimiques entre l’humain et l’humus, ces vanités sur pattes avaient su retenir ce qu’il y avait de meilleur dans le panthéon d’idoles païennes et mystiquement incongrues que le grand Dietman avait su constituer, l’hommage au maître disparu m’apparaissait dans la continuité de la démarche. Mais au-delà des références qui me semblent salutaires dans le domaine de l’apprentissage de la création (j’aime les premiers Rude de Carpeaux, les premiers Rodin de Brancusi, la qualité de la revisitation dans l’œuvre de jeunesse laisse présager de la puissance de l’œuvre mature à venir) ces nouveaux scarabées sacrés me confortaient dans ma vision, ce serait Pasques l’égyptien et je décidai dès lors, de suivre avec intérêt l’évolution de son œuvre.

Et nous voilà rendus à ce jour où après avoir bâti sur les terres ancestrales son édifice familial adossé tel un havre de paix à l’atelier où rugit son four, il fit le dessein de puiser dans les strates argileuses de la terre de briquetier familiale, où cohabitent des pans entiers de l’histoire de l’humanité, et d’en extraire une série de terres cuites. Tel l’égyptien, premier peuple batisseur/transmutateur de pierre et de terre, il mêla alors le geste à l’édifice, la trace au modelé, la relique à l’instantané de vie. Paradoxe, cette série qui se nourrissait de ses racines, de ses fondements, m’apparut comme le manifeste de son émancipation. Ici le créateur brisait ses liens et s’affirmait dans la genèse de la glaise comme un sculpteur prodigieux, je vous invite maintenant à découvrir cela.

Frédéric Roulette.

 

Né en 1975 à Caracas.

Diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris.
Professeur à l’école des Beaux-Arts de Compiègne.

 

EXPOSITIONS INDIVIDUELLES

2015
“Sauvage” Espace Saint-Pierre des Minimes. Ville de Compiègne.

2012
Galerie les Singuliers. Paris.

2011
Galerie les Singuliers. Paris.

2013
Artiste sélectionné pour le prix ARTE-CUTLOG.
Foire d’Art Contemporain. ARTE-CUTLOG. Frédéric Roulette. Paris.

2012 
Espace Chateauform Rio-Monceau Galerie les Singiliers. Paris.

2011 
Abbaye Saint-Florentin de Bonneval CH Henry Ey. Conseil Général d’Eure et Loir.

2008
Galerie les Singuliers. Paris.

2005
Galerie Nicolas Plescoff. Paris.
Galerie les Singuliers. Paris.

 

EXPOSITIONS COLLECTIVES

2011
Atelier des Soeurs Macarons. Nancy.

2010
“Zarpataedo” Musée du Montparnasse-Galerie les Singuliers.

2009
Institut Français de Madrid.

2008
Burgos. Espagne.

2006:
Salon de mai
Rétrospective espace Pierre Cardin Evolution. Paris.

2004
« ArtEvent Lille 2004 »
« Estampa ». Madrid.
Exposition à la Villa Lemot. Nantes.
Exposition à l’Institut de France. Paris.
« Les artistes pérégrins » Jardin du Luxembourg. Art Sénat. Paris.
Exposition à la Casa de Velázquez. Madrid.

2003
« Les disciples de l’ours ». Espace Paul Ricard. Paris.
Exposition à la Casa de Velázquez. Madrid.
Exposition à l’Institut de France. Paris.

2002 
« L’art d’être bête ». L’animal dans l’art de Goya à nos jours. Hôtel de ville d’Aulnay sous Bois.2001: Exposition sur l’Ile de Tatihou.

2000
Exposition à l’Institut Océanographique. Paris.

 

PRIX ET BOURSES

2004
Prix Georges Wildenstein.

2002-2004
Membre de la Casa de Velázquez. Madrid.

2001
Prix Pierre Cardin.

 

EXPERIENCE PROFESSIONNELLE.

2000-2002
Formation professionnelle à la fonderie d’art de Coubertin.

1999-2000
Moniteur de base technique (atelier bois) à l’Ensb-a.